C’était une journée exceptionnellement chaude pour la fin octobre lorsque j’ai rencontré Yulia pour la première fois. Nous avons appris à nous connaître un peu autour d’un tartare de saumon dans l’aire de restauration animée d’un centre commercial de Montréal. Yulia, vingt-sept ans, est une réfugiée de guerre ; elle a fui l’Ukraine en avril 2022 lorsque les bombardements ont commencé à se rapprocher de plus en plus de sa ville natale, Vinnitsya, une ville du centre-ouest de l’Ukraine. Elle me dit qu’elle fait partie des chanceux.
Tout semble surréaliste quand elle parle de ses amis blessés par des roquettes et de ceux qui ont péri dans les combats. Ses yeux sont pleins de tristesse, elle s’arrête souvent pendant qu’elle parle. Yulia me dit qu’elle se sent souvent coupable d’être capable de reconstruire sa vie alors que d’autres se battent littéralement pour leur vie à la maison. Ses parents sont toujours en Ukraine et ils lui ont demandé de ne pas revenir pour le moment.
Yulia travaille dans le service comptable d’une entreprise de construction et va bientôt suivre des cours de français. Elle trouve que le rythme de vie est beaucoup plus rapide à Montréal et que les gens ont moins de temps à vivre car tout est planifié. Nous convenons de nous retrouver le week-end dans son appartement, qu’elle partage avec une autre réfugiée ukrainienne. Yulia me fait un beau sourire chaleureux en me disant au revoir